L’AC3A a participé aux 2èmes Rencontres de la Bioéconomie en Normandie organisée le 9 novembre 2023 à Rouen et y a animé un atelier sur la redynamisation de la filière roseau dans les tourbières françaises, un matériau d’avenir pour la construction et une culture qui a l’avantage d’être compatible avec des niveaux d’eau élevés favorables à la préservation des tourbières.

Phragmites, massettes, joncs, scirpes… de nombreuses espèces végétales dont regorgent les roselières qui tapissent nos zones humides et qui possèdent un potentiel énorme pour l’écoconstruction. Depuis des temps anciens nous utilisons les roseaux pour garnir les toits des chaumières normandes, bretonnes ou ligériennes, mais force est de constater que la filière et le métier sont en voie de disparition. Le roseau, bien que présent localement, est quasi exclusivement importé de Chine, Turquie ou Hongrie et les chaumiers-récoltants se font rare dans les zones humides malgré une présence très forte des roselières. Faute à l’absence de mécanisation des récoltes que nous faisons encore à la main, une qualité parfois trop faibles des chaumes et des prix moins compétitifs.

Et pourtant, le roseau est un matériau sourcé avec un grand potentiel : panneaux de façade, torchis, toiture, aggloméré, fibre textile, rembourrage des coussins, panneaux de coffrage… les utilisations sont très nombreuses en écoconstruction.

De la plante récoltée au déchet de culture, tout peut être réutilisé dans ce végétal. A titre d’exemple, dans le cadre du projet Interreg NWE BUFFER+, la Chambre d’agriculture des Pays de Loire va évaluer le potentiel de transformer les déchets de roseau en substrat horticole alternatif à la tourbe. Un double avantage écologique pour les tourbières, car le roseau est une culture qui se prête très bien à des niveaux d’eau élevés, garants de la bonne santé écologique et du stockage de carbone dans la tourbe, en plus d’explorer de nouvelles pistes pour tenter de limiter l’usage de la tourbe en horticulture et maraîchage, un matériau qui est loin d’être renouvelable puisqu’il met des milliers d’années à se former.

Lors de cette journée riche en enseignements, Clara DIEBOLT chargée de projets à l’AC3A a eu la chance de pouvoir animé un atelier sur la redynamisation de la filière roseau avec pour participants le Ministère de l’Agriculture, Valorial et CERF France. De la culture au déchet, tous les aspects de la filière ont été passés en revue pour explorer les pistes de relance de la filière en zones de tourbières ! Les enseignements tirés de cet atelier seront mis à profit dans le projet Interreg NWE BUFFER+ qui explorera la filière roseau en paludiculture pour restaurer les tourbières.